Les entrepreneurs sont-ils des escrocs ?
Les entrepreneurs, on les vénère (en tout cas pour certains) mais je me demande finalement si c’est justifié. Les entrepreneurs ne sont-ils pas finalement des escrocs ou des êtres insupportables ? Voici un coup de gueule contre des entrepreneurs (que vous ne connaissez pas mais que j’ai connu) qui se croient meilleurs que les autres. Ce n’est qu’un coup de gueule, bien sûr…
Désormais, suite à des expériences malheureuses avec des entrepreneurs, quand j’entends quelqu’un dire qu’il est un entrepreneur, j’ai une petite voix en moi qui me dit : « fais attention !« . Entrepreneur est devenu pour moi synonyme de personnage odieux. Pourquoi et comment. Appel à votre bon sens pour me faire changer d’avis !
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un entrepreneur ?
De nombreux personnages s’auto-désignent entrepreneurs. Certains sont même auto-entrepreneurs. C’est un signe de distinction. Ils disent « moi, je suis un entrepreneur », l’air de dire « je ne suis pas un salarié, moi ».
Ils gagnent beaucoup d’argent (et en perdent parfois beaucoup), achètent de grosses voitures (cela crée des charges, car le comptable dit qu’il n’y a pas assez de charges). Il y en a même qui roulent en voiture de sport mais pinaillent pour 30 euros par mois. La plupart sont prêts à vendre leurs parents pour faire du business.
Entrepreneurs ou entrepreneurs ?
En fait, il y entrepreneur et entrepreneur. Il y a un gouffre entre Xavier Niel et l’entrepreneur lambda voire l’infopreneur (le blogueur qui vend de l’information). Mais il y a quand même un point commun.
Quel est ce seul point commun entre Steve Jobs, Niel et les autres ?
Ils sont sans doute difficiles à vivre car obsédés par un objectif : réussir, réaliser un rêve, une vision. C’est une sorte de polarisation qui, certes, mène au succès, mais rend les relations avec l’entourage difficiles. Tu suis ou tu te casses. En gros, un entrepreneur est souvent insupportable. Il optimise tout : les impôts, les dépenses, les gains, … Il vaut mieux que les autres. Seule chose qu’il n’optimise pas : sa relation de couple. Sa femme se barre car elle en a marre d’être « optimisée ».
Non, ces gens-là ne sont pas des salariés avec leur job 9h-17h !
Mais revenons à notre blogueur infopreneur. Comme avec les feuilles durant l’automne, je passe beaucoup de temps à vider ma boîte aux lettres électronique de ces messages spamiques invitant à visionner la vidéo n° N (il y en a 4, en fait) d’un copain fort instructive mais qui aboutit forcément sur un produit à acheter.
Attendez ! Ce n’est pas tout !
Non seulement ils vous proposent un produit, disons un PDF (qui potentiellement vaut la peine d’être lu), mais en plus ils vous vendent quelques mois après la même chose en mp3, en vidéo, en coaching, en séminaire. C’est la même chose, sauf que vous la payez jusqu’à dix fois plus cher !
En extrapolant un peu je plaisante parfois en disant que ces blogueurs (ultra connus) vont bientôt vendre leur formation 1 million d’euros. Ben oui ! Il y a bien, quelque part quelqu’un qui a fait des millions avec (au moins le créateur) ! Alors ça vaut 1 million !
Le web-marketing nous a tuer
Attention, je ne dis pas que certaines formations ne sont pas utiles. Il y en a quelques unes qui apportent des choses (bien que bien souvent l’achat de 10 bouquins en anglais à 10 euros max la pièce vous apporte autant). Cependant, la plupart du temps tous les leviers psychologiques supposés déclencher l’achat sont utilisés et le produit vaut bien trop cher. Et c’est surtout la manière. C’est le web-marketing ! Ils utilisent des méthodes justifiées dans d’autres domaines pour vous vendre leur camelote.
C’est exactement comme avec l’IPad et autres tablettes, Iphones et téléphones. Personne n’a besoin de jouer à des jeux débiles, à passer ses doigts gras sur un morceau de verre / plastique à 700 euros pour surfer sur le web aux chiottes, mais cela fait plaisir d’engloutir son épargne dans des produits obsolètes au bout de 2 ans.
Savez-vous quel est le point commun entre un entrepreneur sur le web et un pêcheur ?
Tous les deux rêvent de tomber sur un étang plein de poissons frénétiques et affamés. C’est écrit noir sur blanc dans les bouquins (pardon, ebooks) de web-marketing. Vendez là où il y a des acheteurs compulsifs. Les grandes marques comme Apple créent même ces réservoirs d’acheteurs frénétiques.
C’est pour cela qu’il y a toujours plus d’acheteurs et de produits tournant autour du thème de la perte de poids. Aucun ne marche, mais les gens sont prêts à tout essayer. Et le font – les bougres !
Entrepreneurs limites
Les infopreneurs s’arrêtent cependant à votre boîte de réception. Pourtant, il y a une race d’entrepreneurs pire que les autres. Ceux qui veulent vous embrigader dans une chaîne de MLM (Multi Level Marketing). Vous en avez sûrement connu ! « Ce système marche ! La preuve, il y a Truc qui fait 8000 euros par semaine avec ce système. Je peux pas te l’expliquer comme ça, il faut assister à la prochaine réunion dans ton bled qui va t’expliquer comment cela marche. » Réunion dans laquelle un spécialiste du bourrage de mou va t’endoctriner.
Cela marche tellement bien (la réunion, pas le système) que cela pousse un membre lointain de ta famille – que tu n’as jamais vu en 15 ans bien qu’il habite à 20 minutes de chez toi – à reprendre contact avec toi pour de proposer de faire partie de ce système.
C’est un produit miraculeux, mais la boîte qui le fabrique ne le vend que par MLM ! Bizarre, non ? Un produit miraculeux devrait se vendre par le simple bouche à oreille, non ?
Les vrais entrepreneurs
Oups ! Je n’ai pas donné le pour. Le seul point positif avec les entrepreneurs c’est que les vrais créent des emplois. Ils deviennent chefs d’entreprise et emploient des salariés.
Les vrais entrepreneurs, eux, prennent des risques, inventent de nouveaux produits à forte valeur ajoutée. Ils leur arrivent d’échouer. Ils ne passent pas leur temps à tenter de vendre tout et n’importe quoi.
Les vrais petits entrepreneurs sont les commerçants, bouchers, boulangers, les artisans, ceux qui bossent dur, les inventeurs, brefs, ceux qui ont une compétence à vendre. Ils ne se contentent pas de monter quelques chose en 2 mois. Ils ne font pas de l’affiliation.
Ils ne disent pas « je suis entrepreneur ». Ils n’ont pas le temps car ils bossent. Et ils créent de l’emploi sans s’en vanter. Et rêvent d’être salariés.
Entrepreneur par snobisme ?
Et puis il y a une certaine jalousie. Eux entrepreneurs ! Pas salariés ! C’est vrai que la plupart sont sans diplôme, alors s’ils étaient salarié ce serait à faible salaire. Le « je suis entrepreneur » c’est la révolte du sans diplôme, de celui qui n’a rien foutu à l’école. Et de se plaindre qu’en France on ne valorise que le diplôme.
Être salarié c’est aussi pouvoir s’insérer dans le monde du travail, dans des organisations plus grandes qui ont un but plus élevé. On ne peut pas avoir une société composée seulement d’entrepreneurs individualistes. Et heureusement les gouvernements en contiennent peu – mais trop de politiciens plus préoccupés par leurs gains et leur réélection que par le bien commun.
Vers plus d’éthique dans l’entreprenariat
Alors que faut-il faire ? Entrepreneur ou salarié ? Chacun fait ce qu’il peut, mais le marché reconnaîtra ceux qui innovent dans les compétences et la valeur ajoutée plutôt que dans le marketing.
Le marketeur est l’ami de l’obsolescence programmée et du développement non durable. Il est faux de croire que la croissance vient de la consommation. L’innovation raisonnée et durable doit être mise en avant. L’infoprenariat doit être raisonné et éthique.
Si la position de salarié est dévalorisée c’est un indice du malaise de la société. À l’opposé, être entrepreneur ou patron c’est un ensemble de responsabilités qui ne sied pas à tout le monde. Ce n’est pas un jeu ou du snobisme.
Il n’y a aucun mal à être entrepreneur, mais il faut être focalisé plus sur le service offert que sur l’outil ou l’esprit. En clair, préférer promouvoir un produit réellement utile plutôt que chercher un produit à vendre.
Conclusion
Ainsi, quand vous entendrez désormais « je suis un entrepreneur » vous vous poserez ces deux questions :
- est-ce parce qu’il n’a pas le niveau pour être employable ?
- est-ce un frimeur ?
Et j’espère que vous vous méfierez.
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